Episode 2, le septennat de Valery Giscard d’Estaing (1974-1981) : un éveil frais et naïf à la politique dans une famille de gauche

September 20, 2006

Je me souviens du dimanche 19 mai 1974, le ventre plein du gâteau d’anniversaire de mes 10 ans j’étrennais mon ballon de basket neuf dans la cour de l’école versaillaise où mes parents votaient Mitterrand, et c’était bien les seuls dans le quartier.

J’étais pour Mitterrand malgré les nombreuses mises en garde de mes camarades qui m’expliquaient que s’il était élu on se retrouverait à 3 familles par appartement. Je ne comprenais pas bien ce que les socialo-communistes pourraient bien faire avec tous les appartements et maisons ainsi libérés.
Je me souviens du Nouvel Obs et de Télérama chaque semaine à la maison. Je commençai à lire le Nouvel Obs l’été 74 parce qu’il y avait des articles sur le foot; je mis plusieurs semaines à comprendre pourquoi il n’y en avait plus, c’était parce que la Coupe du Monde était terminée. Le foot dans les journaux d’intellos, c’est tous les 4 ans pendant 3 semaines.
Je me souviens que j’étais pour le Vietnam du Nord parce qu’il était petit et contre les Etats-Unis parce qu’ils étaient gros.
Je me souviens du départ des derniers américains de Saïgon en hélicoptère du toit de l’ambassade et aussi qu’arrivés au large sur les porte-avions, ils jetaient les hélicos à la mer pour faire de la place pour les suivants, je trouvais que c’était quand même un peu du gâchis.

Je me souviens que plusieurs fois, vers 76/77 on a reçu dans notre boite à lettres des tracts qui dénonçaient un massacre au Cambodge et que j’étais sur que c’était une invention, sinon on en parlerait à la télé… (le syndrome du “c’est faux !”)
Je me souviens quand la Gauche est devenue majoritaire dans le pays en 1977 (Municipales), et de l’espoir d’une victoire de la Gauche aux législatives en 1978, avec le trio Mitterrand, Marchais, Robert Fabre. Je me souviens de Rocard à 20 h un ènième soir de défaite expliquant qu’il n’y avait pas de fatalité.
Je me souviens d’Antirouille. Vous vous souvenez d’Antirouille ?
Je me souviens avoir fait à Hoche en mai 1978 en Histoire Géo un exposé pour les 10 ans de mai 1968 avec mes copains Arnaud dont les parents étaient au PSU et Thierry qui était encore plus politisé que moi. On était à fond dans le trip, mais bon bon j’avais 14 ans, il faut bien que jeunesse se passe (il est interdit d’interdire mais il est permis de trouver des slogans débiles).
Je me souviens de mon aversion précoce au Communisme, qui, ne l’oublions pas, était à l’époque médiatisé par l’immense Georges Marchais ,

Georges Séguy, l’hilarant Léonid Brejnev et déjà Arlette. Au delà de leurs efforts comiques incontestables, je ne comprenais déjà pas comment quelqu’un d’un peu sensé pouvait une demi-seconde adhérer à leur discours caricatural. Je ne le comprends toujours pas.
Je me souviens de Solidarnosc et d’une certaine gêne à gauche (à part Yves Montand et la CFDT) à admettre que les ouvriers étaient contre les Communistes.
Je me souviens encore mieux de 1981, des Jeunes Giscardiens Versaillais (encore aujourd’hui, je ne comprends toujours pas comment on peut être jeune et giscardien, ni même jeune et Versaillais, mais bon).

Un livre qui a compté pour moi à cette époque : mon livre sur Johann Cruyff, mon héros de l’époque, capitaine de l’Ajax d’Amsterdam des Pays-Bas puis du F.C. Barcelone. La classe absolue.
Demain, épisode 3, le premier septennat de François Mitterrand (1981-1988) : découverte du fonctionnement fascinant du cerveau

4 Responses to “Episode 2, le septennat de Valery Giscard d’Estaing (1974-1981) : un éveil frais et naïf à la politique dans une famille de gauche”

  1. missmarie Says:

    Le 19 mai 1974, ma mère était à un mois de me mettre au monde.
    Sur le septennait de VGE, je me souviens seulement de la fin (printemps 81), quand mon frère et moi on dessinait des moustaches, des lunettes, des boucles d’oreilles à tous les candidats, dont on recevait par la poste – dans des grandes enveloppes molles – la photo photocopiée avec un bout de programme et un bulletin de vote. On vivait dans une grande barre avec des centaines d’appartements, on piquait toutes les enveloppes, ça nous faisait plein de portraits à “gâcher”. Qu’est-ce qu’on rigolait !

  2. David N'Shikod Says:

    On dirait le Petit Nicolas !
    Sinon, c’etait Antivol, pas Antirouille, non ?

  3. Missiz Jones Says:

    …Je crois qu’à l’époque je m’étais maintenue dans un coma artificiel pour ne pas trop souffrir du choc de notre retour en France…Mais à te lire,certains souvenirs reviennent, c’est drôle…


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