Bayrou, détracteur dans une impasse

April 13, 2007

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Pour le socialiste défroqué que je suis, ce fut une des joies simples des dernières semaines que d’assister au vacillement des convictions socialistes de mes amis bobos, quasi unanimement tentés par le vote Bayrou. J’apprécie plutôt l’homme, cultivé, faussement simple, direct, carré dans son analyse. Je suis plutôt d’accord avec le fond de son programme, qui est un programme de droite à tous points de vue, et finalement pas très éloigné de celui de mon candidat. Je partage son analyse quand il cherche à aller au delà d’un clivage droite-gauche. Je ne vois pas au nom de quoi la démocratie implique une coupure du pays en deux blocs systématiquement en opposition sur tout. Mais alors pourquoi ne pas voter pour lui ?

1) Sa victoire ne me plongerait pas dans l’embarras, ce serait de loin préférable à 5 ans de royalisme.

2) je voterai pour lui au 2è tour… sauf s’il est opposé à Sarkozy.

3) son principal problème est son absence de parti : s’il gagne le 6 mai, je ne vois pas comment il peut-être sur d’avoir la majorité absolue aux législatives un mois plus tard. Le gaillard balaie la question d’un revers de manche à velours côtelé en disant : “Si les Français m’élisent, il est logique qu’ils me donnent une majorité”.

Ah bon ?

Le problème , c’est que localement son Parti n’a qu’une faible implantation et qu’on ne voit pas pourquoi l’UMP et le PS lui ferait cadeau de circonscriptions. Son élection créerait certes une dynamique qui augmenterait le score de l’UDF, mais j’imagine assez bien qu’on se retrouve dans un maximum de circonscriptions avec des triangulaires PS/UMP/UDF, bref un résultat totalement imprévisible, des tractations locales bien éloignées de l’idéal politique élevé qu’il prétend défendre…A l’arrivée, une probabilité assez forte de n’avoir pas de majorité à l’assemblée, et là on fait quoi ? Il sera alors obligé de négocier chaque réforme en marchandant avec un camp ou un autre, ce qui représente un retour assez navrant aux pratiques de la IVè République (je vous parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître, surtout s’ils n’ont pas lu de livres d’histoire). Bref, un joli merdier, et surtout une probabilité réduite de lancer des réformes d’envergure.

Par ailleurs, son positionnement “ni-droite, ni-gauche”, “le système est pourri”, “il faut un homme neuf” sent un peu le populisme bas de gamme.

Donc moi je dis, bienvenue le gars François dans la cour des grands; tu as fait une bonne campagne. Fais élire des députés, mène une opposition constructive, continue ton travail de terrain, et rendez-vous en 2012 pour les choses sérieuses.

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